Zoom sur : le métier de saunier

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Ils sont désormais reconnus comme profession agricole des littoraux français : les sauniers vivent entre terre et mer, et leur métier, la saliculture, vient d’être reconnu par l’Assemblée Nationale. Les députés ont voté une loi, en mai 2019, reconnaissant – à l’unanimité – les acquis de ces hommes et femmes au savoir faire vieux de 800 ans. De statut agricole dérogatoire, après de longues années de bataille, ils ont donc obtenu le statut définitif qui leur permet de sécuriser aussi bien leur sécurité sociale que leurs droits à la retraite ou les subventions européennes. L’occasion, pour nous, de vous parler de ce métier qui a le vent en poupe…

 

Ces deux dernières années, la France a en effet enregistré une production record de sel, grâce à une météo particulièrement favorable. Un succès qui concerne aussi bien les marais salants de l’Île de Ré, les plus connus, que ceux de Guérande, Batz-sur-Mer, Le Croisic, La Turballe, ceux de Mesquer, Saint-Molf, Assérac, Oléron, Saint-Armel, Carnac…, ceux du marais breton (Noirmoutier), ceux d’Olonne ou de Brétignolles-sur-Mer en Vendée, de Piriac-sur-Mer en Loire Atlantique, sans oublier la Côte méditerranéenne (Camargue, Hyères, Aigues-Mortes, Saint-Martin, Porto Vecchio en Corse…). Au total, des dizaines de milliers d’hectares le long des côtes françaises : les producteurs cherchent à embaucher pour pouvoir assumer ces rendements exceptionnels.

 

Ainsi, l’an dernier, les marais salants de l’Île de Ré ont généré 3400 tonnes de gros sel et 120 tonnes de fleur de sel, un record. Guérande, de son côté, a produit plus de 10 000 tonnes de sel, tandis que du côté méditerranéen, la Compagnie des Salins du midi produit 4 millions de tonnes de sel chaque année. « Nous n’avons pas connu de tels niveaux de production depuis plus de 15 ans et la canicule de 2003 », explique la Confédération Paysanne. « Dans notre jargon, on les appelle paysans de la mer et c’est effectivement une filière qui recrute depuis maintenant deux ans, alors que c’est un métier qui a tout de même failli disparaître ! Les sauniers, mais aussi les ostréiculteurs, les mytiliculteurs, les pêcheurs à pied, les goémoniers… sont autant de professions agricoles qui, avec la prise de conscience qu’il faut une autre gestion des ressources de la mer, sont de plus en plus considérées comme des sortes de sentinelles, de gardiens d’une agriculture raisonnée et raisonnable, respectueuse d’un écosystème vital et en péril».

 

«En parallèle de ces années exceptionnelles au niveau du temps, les sauniers reviennent aussi sur le devant de la scène économique car les modèles intensifs sont remis en question », analyse l’Institut Français de la Mer. « On va revenir à des modes de productions plus humains et plus artisanaux, les consommateurs veulent cela aujourd’hui : ils se détournent de l’industriel, ils s’en méfient, pour leur santé, pour la planète, pour leurs enfants, pour tout. Donc ces professions qui ont failli, à un moment, tomber dans l’oubli et disparaître, se développent à nouveau, et embauchent, même si ça ne représente que quelques centaines d’emplois sur l’ensemble du territoire ».

 

Pour postuler à un emploi de saunier (ou paludier), un BEP ou un bac agricole est nécessaire : il faut connaître les différentes opérations de production, savoir opérer l’entretien et la maintenance des sites salins, mettre en eau et réguler les niveaux, puis connaître les opérations de récolte dans le respect de la législation (hygiène, sécurité, environnement). Il faut aussi être capable, pour les postes de manager, de diriger une équipe d’exploitation salicole.

 

« Ceci posé, le diplôme n’est pas une obligation, si le candidat bénéficie déjà d’une expérience dans le métier », explique le Syndicat des Paludiers. « Pour les producteurs qui souhaitent se lancer dans cette activité, des aides existent, notamment des prêts bonifiés, mais il faut d’abord obtenir le BPREA, le Brevet Professionnel de Responsable d’Exploitation Agricole. Pour les candidats à l’embauche, c’est la motivation qui prime, à nos yeux. Nous préférons recruter quelqu’un que nous allons former, mais qui sera motivé, conscient des difficultés et de la pénibilité du travail (saisons, astreintes, humidité, corrosion du sel, manipulation de charges etc…) mais qui en a vraiment envie, qui aime le travail en équipe, au grand air, au contact de la nature, etc… que quelqu’un qui aura le diplôme, mais pas la vocation ! ».

 

 




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