L’Arctique : un accord pour penser à une pêche durable au pôle nord

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Alors que la fonte des glaces autorise désormais le passage d’immenses bateaux de transport de marchandises (voir notre article), elle autoriserait aussi, dans l’absolu, le développement de la pêche dans ces régions reculées du nord de la planète, où évoluent des milliers d’espèces pour l’instant peu connues et peu consommées, mais qui représentent un marché potentiel immense et un gisement inexploité.

 

Voilà pour la théorie, mais dans la pratique, ce type de pêche n’est a priori pas tout à fait pour demain : un accord inédit a été signé il y a deux jours à peine, le 3 octobre 2018, pour préserver ces ressources maritimes vulnérabilisées par la disparition des glaces dans leur milieu naturel : au Groenland, une quarantaine de pays dont la France ont estimé qu’il était indispensable de prévenir une surpêche probable dans les années qui viennent dans ces régions reculées de l’hémisphère nord. La France donc, l’ensemble des pays de l’UE, mais aussi les Etats-Unis, la Chine, le Canada, la Norvège, la Russie, l’Islande, le Japon ou encore la Corée du Sud, sont tombées d’accord pour la première fois depuis des années que ce texte est en discussion.

 

« Il s’agit plus spécifiquement de protéger avec cet accord une zone particulière de l’Arctique, zone extrême que l’on appelle le Haut-Arctique, et qui représente une surface d’environ 2,5 millions de kilomètres carrés », analyse l’Observatoire scientifique Kjell, situé à 1200 kilomètres du pôle nord. « L’accord est prévu pour l’instant pour 16 ans, et il comprend aussi un volet scientifique. Les pays signataires s’engagent pendant cette décennie et demie à explorer cette zone et à l’analyser scientifiquement afin de déterminer dans quelle mesure ses ressources peuvent être exploitées, ou non. Ce qui est inédit, c’est la mise en place d’un accord à titre préventif, avant que la pêche commerciale ait commencé dans cette région. C’est une première, jusqu’alors les accords de ce type étaient des accords curatifs, destinés à enrayer les dégâts de la surpêche. Là on prend les devants, c’est bien le signe d’une prise de conscience de l’urgence à agir différemment pour préserver la planète et enrayer le réchauffement climatique, ou en tout cas éviter qu’il ne s’aggrave ».

 

A terme, cet océan encore vierge de toute activité humaine, pourrait devenir une manne inespérée pour les professionnels de la pêche : « il n’est pas exclu que la pêche soit autorisée à terme, mais à des conditions drastiques : il faut d’abord comprendre cet écosystème, comprendre comment le protéger, où sont ses limites, dans quelle mesure il permet aux autres espèces de ces terres lointaines de vivre, et alors seulement on pourra y toucher avec la certitude de ne pas l’abîmer. C’est ainsi désormais que l’on doit résonner désormais si on veut préserver la planète et notre économie conjointement », estime un chercheur de l’IFREMER, l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer. « Dans un futur assez proche, l’eldorado que constituent ces immenses surfaces maritimes et ces immenses terres aussi, pourrait offrir un nouveau souffle aux professionnels du secteur et dégager des milliers d’emplois. Mais pas à n’importe quelle condition, si l’on veut mettre en place une économie durable ».

 

 




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