Task Force Economie Maritime et « emplois propres » : le Medef s’engage pour la planète
0 commentaire Marie MEHAULT
15 oct. 2019Le secteur maritime s’engage : les patrons de la filière créent la TFEM, la Task Force Economie Maritime, pour développer une activité qui reste rentable tout en diminuant les émissions de gaz à effet de serre des navires, pour l’heure parmi les facteurs les plus polluants du monde. Et c’est la France qui a porté, le 8 octobre 2019, devant « l’ONU de la Mer », ce projet novateur et révélateur de la prise de conscience responsable des plus grands protagonistes de cette économie en devenir, avec 50 000 navires marchands en circulation à travers le globe.
« Il s’agit de constituer un groupe restreint d’entreprises actives à l’international dans le domaine de l’économie maritime », explique le Medef International, « pour permettre des rencontres autour de décideurs étrangers comme les Ministres des Affaires maritimes, les Ministres des Transports, les présidents de ports etc., avec les différents chefs d’entreprises du secteur en France comme à l’étranger : par exemple des visite de ports, de chantiers de construction de navires ou de sous-marins, des laboratoires de biotechnologies marines… mais aussi, de constituer des groupes de travail d’entreprises françaises autour de projets ciblés ».
De fait, 90% des marchandises transportées à travers la planète le sont, à un moment ou à un autre, par les voies maritimes. Les acteurs économiques du secteur ont donc un rôle primordial à jouer en matière de lutte contre le réchauffement climatique, à travers ce type d’initiatives notamment, « et le fait qu’ils soient parvenus à un accord aussi facilement prouve à quel point l’urgence climatique a été comprise par les décideurs de l’économie bleue du monde occidental, avec la France en tête. A eux, maintenant, de savoir convaincre leurs homologues d’Afrique, des Etats-Unis et d’Asie », analyse un chercheur à l’Université des Nations Unies, qui supervise le programme « zero emissions research and initiatives ».
L’armateur Philippe Louis-Dreyfus, président de cette Task Force Economie Maritime, dit se battre depuis des années déjà sur ce sujet crucial de la pollution maritime, car « le transport maritime doit rester le premier choix : il est certes aujourd’hui très polluant, mais il reste néanmoins le mode de transport le moins polluant de tous, avec la bicyclette ! Il faut donc simplement réfléchir à des mesures simples pour garder son dynamisme à cette économie, tout en préservant mieux l’environnement : réduire la vitesse des navires, par exemple, c’est la première chose à faire pour réduire les nuisances environnementales, et certainement une des plus efficaces ».
Depuis maintenant un an, les acteurs économiques du transport maritime reconnaissent qu’avec plus de 2% des émissions de CO2 d’après les chiffres communiqués par les Armateurs de France, et avec 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon l’ISEMAR (Institut Supérieur d’Economie Maritime) et cherchent activement des moyens de diminuer leur empreinte écologique. A partir du 1er janvier 2020 d’ailleurs, entrera en vigueur la norme internationale votée en 2016 par l’OMI et qui impose de réduire à 0,5 % (contre 3,5 % actuellement) le taux maximal de soufre, l’un des composants qui polluent le plus, dans les carburants utilisés pour les navires. La mise en place de nouvelles réglementations pour abaisser la vitesse maximale autorisée des bateaux serait parfaitement complémentaire de cette mesure, sachant que « pour un nœud de moins, on économise 18% d’énergie », selon le Ministère de la Transition Ecologique, qui encourage aussi la Task Force Economie Maritime à investir dans d’autres méthodes, comme le recours au GNL (gaz naturel liquéfié), « le carburant idéal, à condition que les ports du monde entier fassent la démarche de s’équiper de stations service adaptées et des infrastructures nécessaires ».
Ces changements sont aussi, selon les principaux acteurs de cette Task Force, le meilleur moyen de sauvegarder l’emploi et de le développer, en maintenant le nombre de navires français et même, en le développant à mesure que les bateaux deviennent moins polluants ; et en créant de nouveaux emplois dédiés à ces missions environnementales, comme des contrôleurs, des ingénieurs, des chercheurs, des mécaniciens spécialisés dans les énergies renouvelables. Des débats sur le sujet sont prévus en novembre 2019 devant les instances de l’OMI (Organisation Maritime Internationale, avant le vote des propositions retenues en 2020, pour une application à partir de 2023.