Economie littorale et maritime : le vivier d’emplois du sud-Atlantique
0 commentaire Marie MEHAULT
12 juil. 2018C’est le résultat réjouissant d’une étude qui vient tout juste d’être publiée par l’Institut national de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE) : la façade Atlantique de l’Hexagone se confirme comme bassin d’emplois pour l’économie bleue, et fait aujourd’hui travailler plus de 50 000 personnes dans les métiers de la mer et du littoral. Si l’on compare avec les chiffres du secteur sur l’ensemble du pays, cela représente près de 13% de l’activité globale, concentrés sur quasiment une seule région : la Nouvelle-Aquitaine. Dans le détail, c’est le tourisme qui a principalement fait bondir les chiffres de la croissance : les métiers directement liés à la fréquentation touristique et aux loisirs nautiques et aquatiques occupent 31 000 postes à temps plein, tandis que l’exploitation des ressources maritimes et la production de denrées consommables fait travailler environ 10 000 personnes. Juste derrière, la construction navale et le transport maritime condensent quelques 6500 postes. Enfin, la production d’énergies fait travailler au total 2500 salariés à temps plein.
« Ce qu’il faut noter, c’est d’une part que ces chiffres de l’emploi n’ont pas baissé depuis dix ans, et que l’activité se concentre sur Bayonne et la Rochelle pour 50% des postes évoqués ; d’autre part que ces chiffres sont appelés à doubler, voire tripler dans les dix prochaines années, pour plusieurs raisons », analyse l’INSEE : « l’activité de construction navale en France se développe de manière exponentielle, avec aujourd’hui une renommée mondiale et des clients qui affluent des quatre coins du globe ; ensuite, le tourisme continuera à se développer, porté par le succès de l’aquaculture et des produits de la mer sur ces régions, mais aussi par un climat de plus en plus doux. Enfin, on sait désormais cultiver une variété impressionnante de produits de la mer, et la tendance des consommateurs est à la découverte de nouveaux goûts, de nouvelles expériences, dans un esprit de développement durable et de respect des ressources. La pêche en mer s’intéresse de plus en plus à la diversité des fonds marins, et le client adhère ».
Particularité de l’emploi sur cette façade atlantique : il provient essentiellement de TPE et de PME, des artisans qui cherchent à se constituer de petites équipes, en particulier dans les domaines de l’ostréiculture, de la conchyliculture et de la pêche en mer. « Ils recrutent des personnels spécialisés de préférence dans le loisir, le tourisme ou l’agroalimentaire selon l’activité de l’employeur ; c’est aussi une région où l’on est en demande d’une main d’œuvre jeune si possible, et plutôt féminine. Il faut miser sur un premier recrutement au statut d’ouvrier ou d’employé, plus rarement de cadre car comme ce sont des petites structures, les patrons n’ont pas tellement besoin d’adjoints, ils veulent des équipes d’opérationnels. Mais il existe aussi une certaine demande, même si elle est plus rare, (16% des postes proposés) pour des postes d’officiers dans la marine marchande ».
Si le salaire moyen y est légèrement plus bas (15€ de l’heure en moyenne, contre 17€ pour la façade méditerranéenne par exemple), la façade Atlantique est en revanche synonyme de sécurité de l’emploi : le littoral a particulièrement bien résisté aux différents épisodes de la crise économique depuis 2008, avec ‘seulement’ 150 emplois détruits en dix ans, et en contrepoids, des créations de postes qui n’ont jamais cessé dans le tourisme, l’activité portuaire et les produits de la mer. A la Rochelle, il faut aussi mentionner les activités de plaisance et de construction maritime qui font figure de moteurs de l’économie locale. A Bordeaux, la centrale nucléaire du Blayais recrute régulièrement pour développer la production énergétique, qui fait déjà travailler plus de 1800 personnes sur tout l’estuaire de la Gironde. Globalement d’ailleurs, selon l’Observatoire des Energies de la Mer, l’emploi dans les énergies marines renouvelables a bondi de 26% depuis 2016, et continue à embaucher, en particulier dans les technologies de l’éolien (85% des emplois du secteur). Enfin, du côté d’Angoulême, l’industrie navale de Défense représente un emploi sur 5 de l’activité construction et réparation navale dans la région.