Économie de la mer et façades maritimes : les Français consultés

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De quelle manière peut-on préserver nos côtes et protéger l’écosystème du littoral et des mers françaises, et dans le même temps encourager l’économie de la mer et les activités halieutiques ? C’est la question posée par le gouvernement aux Français, consultés pendant les deux prochains mois dans l’optique de l’élaboration concertée et collective d’un vaste plan de développement pour nos façades côtières.

 

Au cœur du débat : le milieu naturel, la biodiversité, l’exploitation raisonnable et raisonnée des espaces et des espèces… lesquels protéger, comment concilier ces préoccupations environnementales avec, par exemple, le développement de l’éolien en mer (voir notre article à ce sujet), de la pêche et du tourisme de plaisance ? Début 2027, dans la dernière ligne droite du quinquennat Hollande, le principe d’une « stratégie pour la mer et le littoral » avait été adopté. Mais Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique, veut aller plus loin et passer aux choses concrètes : il travaille sur la cartographie complète et exhaustive de toutes les régions maritimes qui balayent le littoral français et s’étendent au large de l’Hexagone, et représentent le « patrimoine » économique français lié à la mer, dans son ensemble.

 

Le ministre veut notamment dresser une liste exhaustive de tous les métiers de la mer pratiqués sur le littoral français : métiers liés à l’environnement, à la pêche, aux énergies, à l’entretien, aux BTP, au tourisme, au transport de passagers, au fret de marchandises, etc… afin de mieux harmoniser leur coexistence et d’améliorer le « vivre ensemble » des professionnels les uns avec les autres, malgré la diversité de leurs spécialités. Une tâche délicate, quand on sait à quel point la répartition des ressources et des espaces sont des sujets délicats sur le littoral, déjà très protégés et où les places sont chères…

 

Pour s’aider dans la réflexion et tâcher de prendre en considération des avis extérieurs à ceux des experts et des professionnels, et pouvoir consulter aussi les riverains, les vacanciers, les amoureux de la nature ou les PME de la mer, moins connues que certains grands groupes exerçant un lobbying forcément puissant, le Ministère de la Transition Energétique a donc lancé une plateforme internet pour récolter les avis des uns et des autres, y compris évidemment tous les professionnels de la filière halieutique. Jusqu’au 25 mars, cela se passe donc en ligne sur le site www.merlittoral2030.gouv.fr.

 

Une « mise en commun des problématiques » qui vise aussi, explique Nicolas Hulot, à sensibiliser la population aux enjeux de la préservation des ressources et de l’environnement, bien sûr, mais aussi aux métiers de la mer, souvent très mal connus du grand public, notamment, par exemple, les dégâts engendrés par la pêche électrique (voir notre article), ou encore l’émergence de nouveaux secteurs d’activité (voir nos articles : la filière algues  et l’éolien offshore), et enfin, faire une vaste opération de pédagogie par la même occasion en permettant aux participants d’en apprendre davantage sur la diversité des paysages du littoral, les grandes différences entre les quatre grandes zones géographiques couvertes (sud, sud ouest, nord ouest et nord), leurs faunes, leurs flores et leurs potentiels économiques et touristiques.

 

Quand on sait que les ports français de la Manche et de la mer du Nord représentent un cinquième des échanges mondiaux par la mer, ou que le Grand Ouest est la région de France qui connaît la plus grande attractivité en matière de qualité de vie, et aussi que la Méditerranée attire davantage de touristes chaque année, on comprend bien l’intérêt d’une telle démarche. Encore mieux, quand on sait que les métiers de la mer font vivre au bas mot un demi million de personnes sur l’ensemble du littoral, et que ce chiffre est appelé à être multiplié par 5 ou 10 dans les années qui viennent, avec, selon le ministère de l’économie, « l’émergence chaque année de nouveaux métiers, de nouveaux secteurs, de nouvelles filières, avec un potentiel de développement considérable ».

 

Pour autant, et c’est là que la réflexion est importante et doit être menée avec rigueur et concertation, « les océans ne doivent pas devenir un nouvel eldorado. Où l’on reproduirait en mer les excès que l’on a déjà reproduits sur terre », écrit Nicolas Hulot dans son communiqué de presse. « Je place de nombreux espoirs dans cette planification pour nous aider à gérer durablement les milieux maritimes, si fragiles ». Les acteurs des différentes professions de la filière halieutiques seront consultés en parallèle du grand public (ce qui ne les empêche pas de s’exprimer aussi sur la plateforme grand public comme simples citoyens), et également les représentations des différentes régions concernées. D’ici moins de six mois, Nicolas Hulot veut présenter son projet, « quatre stratégies pour les quatre façades maritimes », dans l’objectif d’une validation définitive du texte d’ici un an. Ensuite, la même démarche sera lancée pour les départements d’Outre-mer.

 

 




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